publié le 25 janvier 2018 , par dans Accueil> Repérage
Version PDFMais développer son œuvre personnelle ne suffit pas à cette poète, il lui faut aussi partager, mettre en effervescence une ville, une contrée, pour l’amour de la poésie : Saint-Omer, pour ce qui la concerne. Et il n’aura échappé à personne, aux abonnés de Décharge du moins, que Florence Saint-Roch compte désormais parmi les chroniqueurs réguliers de la revue.
Voilà que cette hyper-active a ajouté une corde à son arc, comme elle le rapporte dans sa dernière œuvre, inédite pour l’heure : Parcelle 101, - s’est faite jardinière. Nous publions trois extraits de cette prose à contraintes, que je laisse à la suite l’auteure détailler, tout en regrettant pour des problèmes techniques, de ne pas pouvoir respecter l’une d’elles : s’en tenir à treize ligne pour chaque paragraphe. On laissera l’éditeur futur remédier à cette insuffisance.
Dans chaque paragraphe narrant cette épopée jardinière, on comptera treize lignes et des brouettes (parce que j’ai partagé la parcelle cent un avec Rémi pendant un peu plus de treize mois) ; on y retrouvera à chaque fois le nom d’un fruit et le nom d’un légume, la formule « il est comme ça Rémi », le tout sans ponctuation.
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quoi qu’en disent les guides touristiques notre plus grand trésor à Saint-Omer c’est la bibliothèque sa salle patrimoine coupe le souffle cloue le bec elle s’étage superbe monumentale tapissée du haut en bas de vieux livres épais cuirs bouillis papiers jaunis le saint des saints le temple du savoir et de l’intellectualité j’aime bien y travailler j’y retrouve Rémi il est historien responsable du fonds ancien il me dit quand tu arrives ça double la proportion de docteurs au mètre carré il est comme ça Rémi fluide et léger tout uniment parle compote de pêches et incunables précieux spécialiste en bestiaires médiévaux mentionne un prochain colloque illico revient à ses fourneaux purées de fèves et manuscrits livres d’Heures et clafoutis latiniste furieux chercheur gourmand travailleur impénitent du matin au soir voyage dans les cartulaires et les mémoriaux
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je me retrouve devant la parcelle cent un j’ai comme un doute mais non je ne me trompe pas c’est bien là plutôt que d’un jardin il s’agit d’une friche vaguement améliorée quelques mètres carrés seulement sont cultivés un plant de tomates anémiques deux rangs de haricots rabougris un superbe bac en bois pour les herbes aromatiques un vieux pied de romarin un prunier galeux un pommier hésitant ah si j’oubliais là-bas dans un coin trois pieds de fraisiers je souris de toutes mes dents en me rappelant l’éloge de l’exploitant mi panégyrique fervent mi-discours amoureux c’est vraiment chouette le jardinage les fragrances d’humus la fraîcheur de la terre et puis manger les légumes qu’on a fait pousser il n’y a pas de bonheur plus complet il est comme ça Rémi il aime l’outrance fanfaronne l’hyperbole et l’exagération il est volubile comme le liseron
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la parcelle est prometteuse assurément la marne argileuse y est superbe lourde fertile propice au rendement pour l’instant place toute entière à l’imagination sous mes yeux ébaubis ce ne sont que mottes têtues bosses opiniâtres croûtes épaisses un immense travail de Titan en perspective Rémi et moi on est du même gabarit pas épais mais pleins d’énergie une chance que je ne sois ni chaise-longue ni tricot bêcher et retourner la terre vaincre les obstacles surmonter les difficultés s’obstiner contre vents et marées c’est le genre de défi qui me plaît en attendant j’établis mentalement un calendrier on est début juillet trop tard pour les semis en revanche c’est l’heure de récolter un œil aux tomates un œil aux haricots j’ai la permission de cueillir des fraises s’il y en a il est comme ça Rémi le cœur généreux prêt à donner la chemise qu’il n’a pas
Repères : On retrouve chaque trimestre Florence Saint-Roch dans la revue Décharge pour sa chronique : Se mettre à la page.
De cette poète, lire Le sens du vent, chez Tarabuste (I.D n° 614).
Les appréciations de Sophie-Marie Van der Pas
Polder 201 : Sur mon chemin, le fleuve, de Marianne Duriez :
Lire la suiteLe voyage en Afrique regorge de parfums et de couleurs, un vocabulaire local qui m’inciterait à quitter le...
Trimestrielle, Décharge est avant tout une revue papier, non virtuelle, créée en 1981. Longtemps célèbre pour sa couverture kraft, éditée depuis le numéro 100 avec l’estampille du Dé Bleu, jusqu’au n° 144 fin 2009, puis à présent par abonnement direct, elle est devenue au fil des ans le rendez-vous attendu de l’actualité poétique, avec ses 152 pages bien tassées, chaque trimestre. Elle atteint le 200° numéro en décembre 2023.
Les « Palefreniers du rêve » est la raison sociale de notre association. Ce dont la plupart de nos lecteurs n’ont guère à se préoccuper, sauf au moment de désigner le bénéficiaire du chèque d’abonnement à la revue ou (et) à Polder. (Ou avec Paypal sur la rubrique S’abonner)
L’important, c’est Décharge – revue de poésie qui vient d’atteindre ses 42 ans d’âge. Et son 200 ème numéro sortira au mois de décembre 2023. Jacques Morin dirige la revue qu’il a créée en 1981. Alain Kewes et Claude Vercey sont venus l’épauler, auxquels se joignent une poignée de chroniqueurs fidèles et intermittents.
Décharge est une revue d’actualité poétique, attentive à la fois aux jeunes pousses (le « choix de Décharge »), aux publications récentes (le « Diaphragme » de Jacmo, tandis qu’Aka opère « à l’Œil nu ») ; elle crée l’événement par ses dossiers pertinents et impertinents, visant à repérer les valeurs notables de la poésie française, et s’ouvrant sur l’Europe (poésie allemande, polonaise, italienne, grecque...) et notamment sur un poète étranger choisi par Yves-Jacques Bouin (rubrique « Des voix venues d’ailleurs »). Elle mène enfin un travail critique et d’investigation dans le milieu poétique (les « Ruminations » de Claude Vercey).
Polder, qui se diffuse par abonnement, désigne une collection de livrets aujourd’hui indépendants à la revue, chacun d’eux étant consacré à un auteur, avec l’objectif principal de faire émerger des voix nouvelles : on en saura plus sur cette activité éditoriale en cliquant sur l’onglet Polder.
*Le site ici ouvert est une extension de la revue, qu’il complète sans chercher à en disputer la prééminence : L’onglet Repérages réagit à l’actualité poétique, regroupe diverses rubriques dont les Indispensables selon Jacques Morin lequel nous entretient également de la Revue du mois, et les Intercalaires de Georges Cathalo, tandis que par ailleurs Claude Vercey nous entraîne à un rythme soutenu, approximativement une nouveauté tous les deux à trois jours, sur ses Itinéraires de Délestage (les I.D).
On complétera cette information en cliquant sur l’onglet : s’abonner
La route inconnue : l’émission de Christophe Jubien sur Radio Grandciel. Décharge en est partenaire. Chroniques de Jacques Morin et de Louis Dubost, en alternance avec Claude Vercey, , tous les quinze jours.
Le site de Renaud : pour découvrir les autres travaux du concepteur de notre site.
Site de la Poéthèque de Villefontaine : www.revues.lacavelitteraire.fr : toutes les revues de poésie y sont répertoriées. Un outil de recherche à utiliser sans modération.
Inventaire des auteurs, suivi de celui des illustrateurs, publiés dans Décharge depuis 1981. Il a été mis à jour fin décembre 2019. (Recension établie par Georges Cathalo) :
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