Patrick Joquel rend compte de Il faudra bien du temps, de Thierry Radière dans les Lectures, recueillies en novembre sur son site : www.patrick-joquel.com.
Patrick Joquel :
« A la question qui suis-je ? un écho de Lao Tseu pour ouvrir ce polder : savoir se contenter de ce que l’on a.
Le poète, s’il ne sait plus trop qui il est au juste écrit, cela lui donne l’illusion d’avoir des traces… On pense à René Char… Il boit de la petite mer servie dans de grands verres.
L’être et le temps. Grandir, aller vers… s’interroger… cheminer sur cette route à sens unique. Le lot de tout humain. Pour apaiser la solitude, on écrit, on invente des histoires, on les partage…
De courts poèmes, des instants sauvés. Des éclats d’enfance, la sienne ou celle de son enfant… Des éclats pour moins tâtonner peut-être ? Sauver du néant quelques bribes de vie ? Un café au lait chaud pour avancer dans le petit matin d’une ville ? »
vu par Christian Degoutte
Un beau cadeau, que nous fait Christian Degoutte, en salade dans Verso 168 (mars 2017), où il commente les polders parus en 2016, dont les 4 titres donnent un bout de l’éventail des genres poétiques d’aujourd’hui. J’ai reproduit l’ensemble de sa critique dans le billet de Repérage du 22 Mars, auquel je renvoie aussi bien qu’au texte original dans Verso.
J’égrènerai ici une par une au fil du temps et dans l’ordre qu’il a choisi, les appréciations de Christian Degoutte sur chacun de nos polders. A commencer par le n° 169.
1 – Dans le fil de la poésie dite du quotidien : Il le faudra bien du temps de Thierry Radière : C’est des poèmes qui nous semblent un journal sans date, relevés sur l’instant. En vers sans chichi. On reconnaît aussitôt notre vie, nos pensées au ras du souffle dans ces textes. Notre vie réelle et notre vie médiatisée. Simple à lire. Efficace.
Eric Allard « Les raccourcis du silence »
A la date du 24 septembre, sous le titre Les raccourcis du silence, l’écrivain et critique belge Eric Allard consacrait la chronique de son site Les Belles Phrases à Il faudra bien du temps, de Thierry Radière, 169ème livraison de la stimulante collection Polder( je cite). Voici le début de cette chronique :
je ne sais plus si je raconte
ma vie ou celle d’un autre
à qui je parle souvent
C’est avec ces mots que s’ouvre le nouveau recueil de poèmes en vers libres de Thierry Radière qui donne le ton sous l’aspect de voix multiples se répondant d’un moi à l’autre du poète. L’écriture, le partage d’histoires et d’émotions servent de lien vital à la création d’un mode de communication plus sensible. C’est à un exercice de présentification que nous invite le poète pour s’ouvrir à notre propre futur comme à l’actualité d’autrui. Pour laisser du silence à l’avenir.
Thierry Radière s’appuie sur son quotidien et ceux qui le partagent pour, avec les outils de l’imaginaire et de la mélancolie, questionner le monde et formuler ses réponses par l’opération de la poésie.
Avant de noter la belle préface de Jean-Christophe Belleveaux et l’illustration de couverture de Valérie Mailland, Eric Allard conclut :
Un court mais intense recueil qui, par le ravissement de ses expressions, en dit long sur l’existence et sur ce qui la précède ou l’accompagne : l’essence des jours, le sel de nos vies…
Repères : On lira l’intégralité de la chronique d’Eric Allard sur le blog des Belles Phrases.
« Lu et approuvé », par Valérie Canat de Chizy
Lus et approuvés, la chronique critique de Valérie Canat de Chizy sur la revue numérique Terre à Ciel présentait mi-juillet 2016 une abondante livraison, parmi laquelle le polder 169 : Il faudra bien du temps de Thierry Radière.
Valérie Canat de Chizy : « Thierry Radière écrit le bonheur simple. Quand le quotidien peut être parfois triste ou sans éclat, quand l’on se sent tellement loin les uns des autres, Thierry Radière a la faculté de créer le sentiment de plénitude avec des petits riens. Celui-ci se trouve dans les plis du soleil, dans le souvenir de la tarte aux mûres préparée par sa femme, dans le thé qui infuse. Au cœur de l’univers de l’auteur, il y a l’écriture, le rêve, mais aussi, la compagne et la fille. C’est un microcosme où l’on embellirait chaque chose, où l’on prendrait soin de chaque détail du quotidien. Ici et là, des images émergent et éclosent, ponctuant le texte de gorgées de soleil. Ainsi, les huîtres, aussitôt avalées, sourient dans le ventre. Ce sont les images, nées de l’imagination de l’auteur, qui décuplent la réalité et l’embellissent. Thierry Radière semble avoir fait sienne cette citation de Lao Tseu, placée en exergue du recueil : savoir se contenter de ce que l’on a : c’est être riche. »
Je renvoie au site Terre à Ciel pour lire l’intégralité de la chronique de Valérie Canat de Chizy.
« Une douce mélancolie », selon Ouest-France
Sous le titre Sa poésie est une douce mélancolie, Ouest-France (Fontenay-le Compte, du 4 Juin 2016) rend compte de Il faudra bien du temps, de Thierry Radière, « un texte qui suggère sans fracas », selon Jean-Christophe Belleveaux, et concerne tout un chacun tant il est tissé d’humanité.
Le temps, un élément important pour le poète qui avoue trouver son inspiration le matin : « Il faut du temps pour transformer son quotidien en poésie, du travail, de la patience et apprendre à aiguiser son regard. C’est à ce moment du jour que les détails deviennent des évidences à partager. »
La première de couverture a été confiée à une amie virtuelle de Toulon, Valérie Mailland. : un joli collage qui incite le regard à revenir au sujet, comme les textes de l’auteur.
La sensualité, l’émotion et la succession d’images du quotidien confèrent à chaque poème une vision subtile, délicate et toujours optimiste du réel qui l’entoure.
Le bonheur triste de Thierry Radière ,
Poète, Jeanpyer Poëls est aussi un lecteur attentif des écrits de ses contemporains. Il nous adresse ce jour ses impressions après lecture du polder de Thierry Radière :
Il faudra bien du temps :
… Non seulement du temps, mais aussi de la solitude … et ses sourires forcés. Pour être considéré comme les autres, le poète lâche ses mots et ses poings se serrent. Ses mots, d’une manière réaliste et incapable de contenir un au delà, font naître ses poèmes pris entre deux cœurs / délivrés des saisons et le font voyage(r) à reculons.
Le temps est venu de tirer/ sur les queues de cerises, et le lecteur d’abord s’en amuse, puis envie d’être l’acteur d’une telle espièglerie.
Le temps personnifié, à la fois là et absent, décide du … bonheur et a le dernier mot de ce dernier. En conséquence, penser à vivre se fait pressant, pressé de tout revoir des visions desquelles surgissent l’illusion dudit bonheur, puis la tristesse (ce qui aboutit à un bonheur triste).
Elle, enfin, qui avance en haïkus et lui qui tisse sa toile … écoutent l’amour.
« Des textes remplis d’images » (Patrice Maltaverne)
Patrice Maltaverne est bien le Lucky Luke de la critique. A peine un livre est-il sorti de chez l’éditeur qu’il vous colle une appréciation entre les deux yeux. L’encre d’Il faudra bien du temps, de Thierry Radière est encore fraîche que Patrice Maltaverne a dégainé une note sur son blog PoésieChroniqueTaMalle.
Il faudra bien du temps est l’un de mes deux ou trois textes préférés de l’auteur, déclare-t-il d’emblée.
Cette fois-ci, Thierry Radière change de style d’écriture, délaissant les poèmes en vers denses, bourrés d’enjambements, pour une forme plus concentrée, des poèmes plus courts, mais tout aussi efficaces.
En effet, ces textes sont remplis d’images qui surprennent le lecteur par la rapidité avec laquelle elles s’imposent à lui, et c’est bien là ce qui me plait le plus. Il ne s’agit pas que d’instants du quotidien. Rêves et réalité font bon ménage comme rarement. Cela donne de l’espoir au lecteur qui commencerait à désespérer d’un monde trop ordinaire.
On lire la suite sur le blog de l’animateur de Traction-Brabant où, après avoir cité le poème qui donne son titre au recueil il n’oublie pas de préciser que l’illustration de couverture est de Valérie Mailland. Ce qui importe en effet.
Polder 169
Présentation de Jean-Christophe Belleveaux :
… cet ensemble d’instantanés ciselés avec subtilité, n’élude ni les doutes ni la solitude, non plus ne s’apitoie ni ne dramatise. Tout au contraire, il s’agit là d’une célébration, belle de sa retenue et des rugosités qui donnent leur relief à l’espace parfois trop lisse du réel.
En savoir plus : I.D n° 573 : Se faire un peu accepter. et en Repérage, le billet : Ça bouge sur les Polders.