Dessin de Nono (fragment)
en couverture de T’occupe pas de la marque,
de Jean Pierre Nedelec - polder 138.
Depuis deux chroniques, tirant le fil du poème sportif et, sous l’incitation de Patrice Maltaverne, en quête de recueils de poèmes consacrés au sport, je n’allais pas oublier, quand même pas !, le polder sportif par excellence, du baroudeur cyclotouriste Jean Pierre Nedelec, qui depuis la Bretagne effectua en 2007 une boucle de 4500 km qui le mena en Italie, Slovénie, Hongrie, et Autriche. Ce dont il rend compte dans les poèmes allègres et gaillards de son eurovélojournal :
Bobos et petites misères mes rémoras
depuis trois jours la nuque pleurniche
au large ! je ne l’écoute plus
les reins brûlent sous la malveillance du
vent
les pieds chauffent les doigts gèlent
la mouche dans l’œil la bébête qui
pique
qu’on se croit à l’huis du Grand Fourchu
et je ne parle pas c’est inconvenant du
trouduc
ce coquinet qu’effarouche le baiser de
la selle
bobos et misères grand corps vivant
slam de la route.
(
J.P Nedelec :
T’occupe pas de la marque)
Nous sommes loin tout d’un coup des célébrations de l’irrésistible champion, à exemple de Léopold Sédar Senghor louant Jackie Thompson, championne du cent mètres, ou de Vinitius de Moraes exaltant Garrincha, dribbleur fou, pure danse (in revue Europe : Sport et Littérature ). Les poètes se détourneraient-ils des vainqueurs, du héros, pour enfin saluer l’équipier obscur, le perdant magnifique, Pierre Brambilla dit La Brambille comme Ludovic Janvier choisit de le faire, chanter ce corps que Whitman disait électrique, magnifier les exploits de l’homme ordinaire ?
Je vous retrouve marcheurs à bâtons
la vogue persiste de la course altière
contre qui ? Pour quoi foncez-vous
martiales et martiaux ?
Les femmes se tiennent droites et
cambrées
bien des fois je devine poitrine sans
contrainte
pour quel rêve ?
Les messieurs n’ont pas si fière allure
et d’ailleurs qu’espèrent-ils redresser ?
(
it. )
Les poèmes (sur la nage, le volley) de François de Cornière, opportunément parus dans Décharge 152, m’ont un instant fait croire à la vraisemblance de cette thèse, d’un irréversible désintérêt pour la performance. Jusqu’à ce que ruine mes spéculations et conclusions hâtives ceci :
O champion. O campionissimo à la légende classée patrimoine immortel, tu avais l’oreille développée jusqu’à un sobriquet et l’expression d’avant-garde à rendre jalouse une rosière offerte à son inventeur. A ton apparente fragilité répondait une somme de sacrifices. Tu étais un poète du vélo, poète par le style, poète par l’élégance mise au service de la souplesse, poète latin braqué contre l’américanisme dominant. (...)
Poème à contre-pente d’André Duprat A la gloire de Marco Pantani.. On le trouve dans La Lettre de Sortie n° 28 que Jean-Louis Jacquier-Roux diffuse par internet.
Repères : Jean Pierre Nedelec : « T’occupe pas de la marque » – Polder n° 138. 6 €. - A l’adresse de la revue.
« La Lettre de Sortie » : on la reçoit en s’adressant au sieur Jacquier-Roux : dejham orange.fr .
Ludovic Janvier : « Dans le jardin de Brambilla », poème in « La mer à boire » (Gallimard ).
Après coup : En préparation chez Gros Textes , les eurovélojournaux 2006 et 2008 de Jean Pierre Nedelec sous le titre de : Partir, c’est un crevir un pneu...