Jusqu’à réception de ce fort manuscrit, pour l’heure intitulé Coupures, Arnaud Talhouarn demeurait pour moi le préfacier du Chef d’œuvre sur la tempe, de Guillaume Decourt , paru aux éditions du Coudrier . Ce qui n’est certes pas la plus mauvaise manière de retenir l’attention.
En réalité, Arnaud Talhouarn a parcouru d’un pas vif, mais sans brûler les étapes, ce chemin si fort conseillé aux poètes (et soi disant tels), trop souvent pressés de courir derrière leur premier livre : passer d’abord par la publication en revues. Et, au cours des derniers mois, le nom d’Arnaud Talhouarn s’est inscrit en effet au sommaire de L’Autobus comme de Ouste ou de Traction-Brabant, à La Passe, Place de la Sorbonne ou dans l’anthologie 2014 de la revue Triage des éditions Tarabuste, pour ne retenir que quelques publications papier, auxquelles on ajoutera cinq à six revues en ligne, dont Paysages écrits, Le Capital des mots ou Francopolis.
Voix nouvelle, qui prend assez distinctement ses distances avec les tendances les plus communes de l’écriture d’aujourd’hui. Des titres savoureux : Poème presque entièrement combustible, ou Vestiges rougeoyants d’une impression naguère forte (un titre est un poème. Par comparaison, Coupures, le titre général, paraît étonnamment sage, quasi convenu). Chaque poème est adressé : qui est ainsi interpellé : le monde ? un dieu ? un autre moi-même ? L’écriture reproduit le dessin de la pensée dans sa souplesse et ses audaces, ses repentirs et ses réflexions. Exemple :
Aboutir certes, mais à quoi ?
(D’une main tu me berces.
De l’autre tu me blesses.)
A-
lors que les heures traversent nos membres fatigués,
[ comme des
oiseaux dont les
ailes irisées rouges étreignent l’air pathétique-
ment, accumulant leurs chaudes et soyeuses masses
[ dans les anfractuosités de nos
cœurs.
« C’est de l’amour, de l’amour que nous
éprouvons. », murmurais-
tu.
— Ah oui ? Bon, d’accord, soit et certes, voilà qui est
[bien envoyé, c’est même méchamment
bien envoyé mais
est-ce vraiment ça ? »
Ne m’excuse pas. Ne m’inquiète pas.
Prends confiance en nous et puis
patientons ensemble.
Voix nouvelles : Une constance de ces Itinéraires de Délestage. En remontant ce fil : Yannick Torlini (I.D n°471 ) ; Grégoire Damon (I.D n° 467 & 458 ) ; Catherine Boudet (I.D n° 464 ) ; Denis Hamel (I.D n° 450 ). Tout naturellement, certains des poètes ici repérés entrent dans la collection Polder : ainsi, Grégoire Damon, comme Samuel Dudouit présenté dans l’I.D n° 440 .
Poètes en lecture : Mercredi 4 décembre 2013 à 19h, au Centre Malesherbes de Paris-Sorbonne (108, boulevard Malesherbes. 75017 Paris) avec l’auteur de La Termitière (polder n° 137) Guillaume Decourt , invité par la revue Place de la Sorbonne , ainsi que 5 autres auteurs qui y ont été publiés : Alexis Mlash Pelletier, Thierry Renard, Michel Deguy, Guy Goffette, le poète hongrois István Kemény et Lionel Jung-Allégret.
APPEL À CONTRIBUTION :
La Mouche, par la revue Secousse .
La Carte Blanche sera consacrée à la plus fidèle, la plus dévote, la plus philosophe de nos compagnes de l’été : la Mouche.
Envoyez vos contributions (récit, essai, poème, 10 pages maxi) à la revue : contact revue-secousse.fr , avant le 30 mai 2014.