Des femmes oui, et des plumes assurément, mais point de girls dans cette revue Cabaret : des poètes quoi, entendu comme terme exclusivement féminin, selon la volonté de son directeur Alain Crozier, ou, pour faire écho aux déclarations d’intention relevées dans l’ours, des auteures féminins. Textes inédits sans rimes, est-il également précisé. C’est sur ces principes - aussitôt écornés notera-t-on par la présence en guest-stars d’individus honorablement connus jusqu’alors comme masculins - qu’a été lancée en mai 2012, depuis La Clayette (son château, ses grues Potain, son chocolatier) la revuette de 18 pages agrafées, format polder, et qui tient bel et bien son rythme trimestriel de parution tout en améliorant au fil du temps sa présentation. Le n° 8, de décembre 2013, est dédiée à notre collection Polder sous le titre cinématographique de Femmes au bord du polder, et dont sont invitées quelques-unes de nos auteures : Murièle Camac, Claire Ceira, Andréa Taos qui signe désormais Delphine Guy, Valérie Harkness, Anna Jouy, Sophie G. Lucas, Amandine Marembert, le tout sous une préface de Luce Guilbaud.
– Alain Crozier, lancer une revue papier, quand il semble que hors internet point de salut, n’est-ce pas aller à contre-courant ?
Alain Crozier : Je vois internet comme un canal de communication, ça permet de toucher beaucoup plus de monde qu’avant. Une auteure m’a vanté les mérites de sa liseuse électronique, mais ça ne pas convaincu. Je trouve ça triste, il n’y a pas le côté convivial, magique, du papier. Cependant, en tant qu’auteur, je ne suis pas contre que certains de mes textes commencent leur vie en fichier numérique, mais l’édition papier a plus de valeur. Et puis je ne suis pas fou : avant de me lancer dans l’aventure de la revue papier, j’ai fait une étude sur les coûts. Le modèle économique est viable. Et s’il faut réduire la voilure je réduirai la voilure. Le principal est de publier des textes, pas que le papier soit de luxe. Le contenu est le plus important, pas le contenant.
– « En tant qu’auteur », écris-tu . Sans doute serait-il bon de le présenter ...
A. C : J’ai commencé par écrire une nouvelle, puis de la poésie après avoir découvert Jim Morrison, le poète. J’ai appris le métier, suivant les conseils d’un certain Louis Dubost, en envoyant notamment des textes à des revues, en lisant ces revues. Et bien qu’ayant été publié par des maisons d’édition, j’ai continué à lire ces périodiques, et au bout de 7 ou 8 années, je me suis dit, pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas monter une revue ? J’ai toujours aimé la construction, l’organisation. Je me suis lancé en étant bien conscient de la difficulté de la tâche, voyant disparaître des titres au fil des ans. En même temps j’ai reçu beaucoup de messages d’encouragement, pointant aussi le doigt sur une certaine folie de lancer une revue en 2012.
La lecture de revues a permis aussi de me constituer un réseau, notamment sur Lyon, via Verso et ses soirées lectures.
- La caractéristique principale de Cabaret est qu’elle est « réservée aux auteurs féminins ». Qu’est-ce qui t’a entraîné à prendre ce parti ?
A. C : Au fil de la lecture des revues, notamment Verso, mais aussi Traction-Brabant ou Comme en poésie, je me suis aperçu que la sensibilité des auteurs féminins me touchait plus que celle des hommes. Alors, très égoïstement, et très naturellement, la revue que je devais monter, ne pouvait être qu’une publication réservée aux auteurs féminins, sans sombrer pour autant dans le féminisme.
Mes deux plus grandes découvertes sont deux Québécoises, aussi sauvages l’une que l’autre : Louve et Lune. Tout un programme.
Repères : Revue Cabaret : 31 rue Lamartine – 71800 - La Clayette. Femmes au bord du polder : 2,5€. Abonnement annuel, à l’ordre du Petit rameur : 10€.
Verso
: Si vous connaissez quelqu’un à qui vous voulez faire du bien, ou que vous voulez réconcilier avec la poésie (ça se peut), offrez-lui les Carottes fraîches de Laurent Deheppe, lit-on dans le récent n° 155, dans la Revue des revues de Christian Degoutte.
( Alain Wexler : 547 rue du Genetay – 69780 – Lucenay.). Nouveau blog : http://revueverso.blogspot.fr/
Traction-Brabant
( 4 place Valladier – 57 000 – Metz. ) : le numéro 55, du 24 janvier 2014, fête les 10 ans de la revue. Voir aussi le blog : http://traction-brabant.blogspot.fr/
Comme en poésie
: 2149 av. du tour du lac – Hossegor. Et http://comme.en.poesie.over-blog.com/
Vient de paraître : Génération Polder, 3ème tome. Anthologie : 8€ à commander à l’adresse de la revue Décharge : 4 rue de la boucherie – 89204 – Egleny. On en reparlera.