publié le 23 mars 2020 , par dans Accueil> Les I.D
La voici à présent à la table des grands, à participer au Libé des Ecrivains du 19 mars dernier, maintenu en dépit de la déprogrammation du Salon du livre de Paris que d’ordinaire il accompagne. Sous le titre Le virus en toutes lettres, une trentaine d’écrivains, une sélection internationale réunie autour de l’écrivaine turque Elif Chafak, rédactrice en chef, et où les poètes sont loin de faire de la figuration – cela mérite d’être souligné -, de Jean-Pierre Siméon à Pierre Vinclair, en passant par Thomas Deslogis et l’auteur donc de Poèmes d’époque, dont j’apprends qu’elle a récemment fait paraître un roman : Nuits, aux éditions la P’tite Hélène. Pleine page pour Milène Tournier, qui nous ramène au jour d’avant, au dernier après-midi où la bibliothèque – lieu non indispensable, comme on l’a appris pour l’occasion, - fut ouverte, d’où elle reparti avec quarante livres (Quarante, il aurait mieux valu brouette que là, tote-bag froissé et inquiet.).
J’ai longé, dans l’après-midi municipal, l’éternité des noms. Victor Hugo. La Légende des siècles. En répétant tout doucement dans les H : siècle , siècle. Notre vingt-et-unième siècle, là, qu’on dirait presque qu’il commence seulement maintenant, ou bien qu’il veut muter, se désherber et se refaire l’écorce.
Prose, avec un court poèmes en vers en guise d’intermède :
Quarantaine.
J’ai souri fort, je crois qu’on peut dire d’amour, j’ai souri d’amour.
En t’imaginant, mon amour,
te laver les mains.Plus modeste mariage
Est-ce qu’on se confine ensemble ?
Et non, plutôt non, toi et moi, non. Je t’aime.
Tandis que Thomas Deslogis, (ses Poèmes d’actu sont à découvrir sur Instagram - @liberationfr -) prend de l’avance sur les journaux de confinement à venir (Au premier jour, j’avais déjà écrit tous les journaux de confinement du monde intime), Jean-Pierre Siméon s’en prend au cynisme de ceux qui font applaudir l’hôpital après l’avoir appauvri en un premier article, dénonce dans le second ce scandale qu’on vit et qui n’est point nommé, reprenant les mots de Marie Cosnay, écrivaine de cœur et de courage qui est allée à Lesbos, ce récent désastre à mettre au compte de cet autre virus, qu’il nomme : lâcheté.
Et le sonnet de Pierre Vinclair : Une orgie hydroalcoolique de gel, rend compte de la réalité de l’instant, soulignant la vitesse à laquelle cette réalité se modifie. Souvenez-vous :
Plutôt qu’au cinéma confiné, c’est au parc
qu’on se rend, croisant tous graves, du Sainsbury
venus, des gens chargés de monceaux de PQ
triple épaisseur, moelleux à l’anus de l’esprit,
irrité. (…)
Quant à savoir comment tout ça va évoluer, on lira la Lettre aux Français depuis leur futur, que nous adresse depuis l’Italie, avec quelques jours d’avance, l’auteure du roman Tous sauf moi (dont je vous recommande vivement la lecture), Francesca Melandri.
Repères : Le Libé des écrivains – Libération du 19 mars 2020.
On se procure Poèmes d’époque, de Milène Tournier contre 6€ à l’adresse de la revue Décharge (11 rue Général Sarrail – 89000 Auxerre) ou à la Boutique, ouverte sur notre site : ici.
On s’abonne à la collection Polder pour un an et quatre livres contre 20€. Abonnement lié avec la revue Décharge : 45€. Tout renseignement : ici.
Radio : Milène Tournier s’entretient avec Christophe Jubien sur La Route inconnue. En podcast, ici : [https://radiograndciel.fr/podcast/poemes-depoque-de-milene-tournier/] sur Radio Grand Ciel.