Le thème de ce quinzième numéro ? : Une fois. Avec son côté fable et son unicité nous explique en éditorial le rédac’chef, Paul de Brancion. Sans se focaliser sur le thème, qui n’est au reste qu’un prétexte à aimanter de bons textes littéraires et poétiques, celui-ci fut rarement à l’origine des interventions, à l’exception notable entre autres de Mathieu Coutisse. En fait, c’est plutôt la diversité et la qualité qui retiendront dans cette livraison, à penser même que la thématique quelle qu’elle soit devient superfétatoire. Et pour commencer : Sereine Berlottier avec un texte sensible sur la perte de la mère oublié l’odeur de ta joue quand je m’y penchais… Ensuite changement radical avec un scénario de l’Américaine Deborah Elliot Deutschman (traduction Marie de Quatrebarbes). Puis, grand écart à nouveau, Romain Fustier, qu’on connaît bien, avec son entrelacement de fils variés, le corps et la nature par exemple, dans un onzain sinueux et sensuel. Découverte d’Alexandra Kalyani avec son franc parler et son refus de « la parole féminine » : je ne suis pas vraiment sensible aux / trucs de meufs… L’humour irrépressible d’Armelle Leclercq dans un excellent texte de géographie et plus précisément de localisation très juste et précis, intelligent et drôle. James Sacré : « Quel premier livre a-t-on vraiment lu ? », et le travail de la mémoire sur ses lectures d’origine, avec cette modestie qui lui est propre lorsqu’il dit n’avoir écrit que des livres qui « frisent l’insignifiance trop souvent ». Une grosse partie centrale consacrée à Olivier Apert, à la fois poète et dramaturge et chorégraphe et traducteur entre autres strates, avec une lettre d’Anca Vasiliu, un entretien éclairant et profond conduit par Pierre Drogi et un extrait de « Thalita Koum » (création dansée-parlée). Je n’insiste plus sur les changements de direction successifs... François-Marie Viger, médecin hygiéniste (1712-1771), Christophe Manon, le Camerounais Kouam Tawa, photographies de Lydia Belostyk... Un entretien avec Florence Trocmé sur le site Poézibao, créé en 2004, qui remet toujours bien en perspective la poésie telle qu’elle s’écrit aujourd’hui. Deux nouvelles marquantes de Derek Munn. Zéno Bianu Une fois / une seule fois / à chaque instant / c’est toujours / la première fois... comme Mathieu Brosseau Une fois peut-être deux, plusieurs en Une... retrouvent la piste du thème qui souvent hésite entre Une fois et la première fois, ainsi Frédérique Hauville avec l’écriture cunéiforme. Pour clore, lectures critiques d’Armelle Leclercq et Angèle Paoli. Et les 230 pages de haute tenue se referment.