Toutes les 10 années, soit toutes les 40 publications de la collection Polder, une anthologie. Du moins, fut-ce la règle jusqu’ici. En conséquence de quoi, trois anthologies ont vu le jour sous le titre de Génération Polder., le tome 3 ayant paru en janvier 2013 chez Gros Textes. Quid de la Quatrième Génération ?
Elle a bien failli passer par pertes et profits, la dite anthologie, et il a fallu une intervention quasi miraculeuse pour qu’aujourd’hui je puisse annoncer avec certitude (osons l’affirmer ! ) une anthologie récapitulant les polders du n° 161 (Yannick Torlini) au n° 200 ( Arnaud Talhouarn) paraîtra en 2025, le faiseur de miracle n’étant autre que Georges Cathalo, archiviste et chroniqueur patenté de la revue Décharge, qui s’est plongé tout à trac dans la production de textes issus des dix ans écoulés pour en distiller le meilleur, en raison d’une page à deux pages par auteur. Qu’il en soit vivement remercié.
L’impulsion donnée, et avec les secours, chacun en son domaine, de Jacques Morin, Yves Barré, Yves Artufel, j’ai repris en main à mon tour cette suite de livrets auxquels j’ai consacré tant de temps : non sans surprise, la mémoire n’est pas fidèle, et il faut reconnaître que si, avec certains, certaines, le fil n’a pas été rompu, pour d’autres, les relations se sont arrêtées aussitôt le livre publié : phénomène que j’avais déjà relevé dans les préfaces précédentes, qui continue de me perturber, mais qu’il faut somme toute considérer comme normal. Impossible de différencier, au vu de ce qui est le plus souvent de premiers écrits, celui ou celle qui s’engage dans une démarche créatrice de celle ou celui pour qui ce sera un coup d’éclat sans lendemain.
« Lire aujourd’hui la poésie de demain » : formule dont j’use volontiers, et qui en tous les cas reste un pari. Dont la réalisation, de loin en loin, pas si rarement néanmoins, compte parmi les satisfactions qu’apportent l’écoute et la promotion de voix nouvelles, à commencer par les échos donnés à nos publications sur les sites et revues amies et concurrentes, jusque dans les journaux nationaux (Libé et La Croix, au premier rang), dans l’anthologie annuelle établie par Jean-Yves Reuzeau (hier au Castor Astral, chez Seghers à partir de cette année). Et il advient ainsi, comme il fut souhaité dans nos déclarations de principe, que le polder devienne un tremplin vers des aventures éditoriales plus ambitieuses, mieux établies, que la nôtre : Milène Tournier, aux éditions Lurlure, où l’a rejointe plus récemment Nathanaëlle Quoirez, Thierry Radière à la Table ronde, Gabriel Zimmermann chez Tarabuste, Orianne Papin chez Bruno Doucey, Marie Rouzin au Castor Astral, Jérôme Nalet chez Cheyne, pour m’en tenir à quelques noms. D’autres : Carole Naggar par exemple, et Georges Oucif, Louise Moaty, Sophie van der Pas, prolongent ou accompagnent leur démarche artistique en jouant sur d’autres cordes que celle de la poésie, s’illustrent dans la photographie, la chanson, la traduction, le scénario de B.D.
Autour de moi, comme une communauté de voix, dans le jeu des filiations, des fidélités, et bien en deça de la quatrième génération des polders : ainsi de Luce Guilbaud, de Christophe Jubien dont le travail radiophonique sur La Route inconnue est si précieux, de Patrice Maltaverne. Et de retrouver récemment le recueil d’Odile Vie-David, présente dès le n° 14 dans la collection. Il me touche quand tel ou telle, que Polder a précédemment permis d’émerger, réapparaît en tant que préfacier, tendant ainsi la main, à son tour, à un ou une débutante : comme Valérie Rouzeau (polder n° 62) introduit Samuel Martin-Boche, Denis Hamel Marie-Anne Bruch, Anna Jouy Jean Pierre Nedelec, Guillaume Decourt Arnaud Talhouarn (j’en oublie, qu’il me pardonne). Je citerai encore cependant ceux qui, dans ces années que couvre l’anthologie dite de Quatrième Génération, sont passés du rôle d’auteur à celui de préfacier : Samuel Martin-Boche, Daniel Birnbaum.
Et Chloé Landriot, en 2024. Car l’aventure se poursuit quand la collection aurait pu s’arrêter dans le même temps que la revue Décharge dont elle était le complément [1]. Or, en 2024, se sont en effet succédé les titres de Marianne Duriez, Igor Quezel-Perron, Elsa Dauphin, Julie Cayeux, et tout laisse à penser, alors je rédige cette postface, que deux nouveaux polders paraîtront au prochain printemps.
Publication prévue de cette anthologie des polders de Quatrième Génération : mars-avril 2025.