Décharge n° 182
Juin 2019
Couverture : Corina SBAFFO
Intro (Jacmo)
Hommage à Antoine EMAZ (Djamel Meskache, Jacques Morin & Claude
Vercey, Louis Dubost, Nicolas Gaislin, Christian Vogels)
Les chroniques du Furet : GUÉNANE (Claude Vercey)
François CAUSSÈQUE : Combien de fois dans ma jeunesse…
Phare dans la nuit (Georges Cathalo) : Jacques André éditeur
Emmanuelle LE CAM : Tête noire
Nazîh ABOU AFACH (Emmanuel Malherbet / Jacmo)
Guillaume DECOURT : Comme les anciens
Complément au Polder 181 de Julien Boutreux (Fabrice Marzuolo)
Complément au Polder 182 de M-Laure Le Berre (Jean-Michel Maulpoix)
Jean-François DUBOIS : Dans leurs couleurs passées
Parler avec nos poèmes (James Sacré)
Sylvie DURBEC : dit-elle, dit-il,
Feuilleton (Alain Kewes)
1918, année poétique… les poètes contre la guerre (Jacques Fournier)
Pages volantes (François de Cornière)
Droit de suite : Thierry RADIÈRE : Abécédaire poétique
Cadrage/Débordement : Lire Estelle FENZY (Claude Vercey)
Il y a poésie (Mathias Lair)
Des voix venues d’ailleurs (Yves-Jacques Bouin avec Chantal Dupuy-Dunier) :
Miroslav KIRIN
Le Choix de Décharge
Morgan RIET
Pierre GONDRAN DIT REMOUX
Anne Sophie OURY HAQUETTE
Pierre MIRONER
Silvaine ARABO
Antoine DURIN
Emmanuelle RODRIGUES
Paul MORRIS
Eric BOUCHÉTY
Paul MATHIEU
Pierre ROSIN
Diaphragme - Notes de lecture (Jacmo)
Se mettre à la page (Florence Saint-Roch)
À l’œil nu (Alain Kewes)
Bon de sortie : Les Revues-du-mois (Jacmo)
8 € (164pages)
S’abonner
Christian Degoutte : « Une revue, c’est pas qu’un collier de textes … »
Verso 179 : « Voyons voir ce que dit cet imbécile de Degoutte », aurait dit naguère son patron et ami Claude Seyve, en jetant un œil sur la salade du jour. Je ne sais ce qu’il en aurait pensé ; quant à nous, nous nous estimons particulièrement gâtés : la fameuse salade ouvre sur un commentaire à propos de Décharge 182, et se referme sur des considérations portant sur Décharge 183. De quoi faire des jaloux …
Soyons sobres ! Je m’en tiendrai aujourd’hui à la première note de lecture. Je garde la seconde pour les soifs de février.
La parole à Christian Degoutte
« Le plus souvent ce n’est pas la célébrité que les poètes recherchent, c’est une pure et simple reconnaissance de leur travail, c’est à dire leur identité d’auteur ».
Cette citation d’Antoine Emaz, décédé en janvier dernier, est dans l’hommage (D Meskache, J Morin et Cl Vercey, L Dubost, Ch Vogels, N Gaislin) sur lequel s’ouvre le n° 182 de Décharge. Miroslav Kirin y répond presque à la fin du n° « Comment être différent et reconnu tout de même ». C’est ça une revue, c’est pas qu’un collier de textes, ça se parle à l’intérieur. Tandis qu’Estelle Fenzy s’inquiète « J’ai tout le ciel en moi. Les pluies d’automne au ventre. Au cœur mille étés. La vie à l’étroit dans mon corps. Qui cogne sous la peau », Pierre Gondran [1] est plus radical « le flanc grouillant de nécrophores – le mot renarde, chair éteinte peu à peu enfouie, se mêle au monde pulvérulent des lettres minuscules » : toute chose que l’Ardéchois François Caussèque résume par « Il n’y a pas d’autre signification à l’écriture que celle que l’on donne à sa vie ». Et le syrien Nazîh Abou Afach parle depuis l’intérieur de la guerre « Inutile d’encombrer ma tombe de toutes ces fleurs / Si vous ne pouvez m’accorder votre compassion / et je n’en veux pas les déchets / au moins allez-vous en ! / Laissez respirer la terre au-dessus de moi ». Et plein d’autres choses…Pardon, je fais super bref, mais …
Les points de suspension, que fidèlement je reproduis, sont justifiées par le paragraphe suivant, portant quant à lui sur le récent recueil de Morgan Riet : Du soleil sur la pente (éd. Voix tissées), devraient être plutôt qualifiés de points de transition ... Voyons :
« Au feu vert / on se livre à demi-mot / embrayant vers quelque terre un peu grise et bruine / de nos états d’homme ». Ces quelques vers de Morgan Riet sont dans le n° 182 de Décharge, ils donnent assez bien le ton de Du soleil sur la pente. Etc...
Pour la suite de la salade, on se reportera à ce numéro de décembre Verso : Ici et Ailleurs (chez Alain Wexler - Le Genetay - 69480 Lucenay – 6 € le numéro).
Repères : Désormais on peut se procurer plus facilement la revue Décharge au numéro en passant par la boutique, récemment ouverte sur le site. 8€. Mais il reste préférable de s’abonner pour l’année 2020, c’est-à-dire à quatre numéros : ici.
Une chronique de Marilyse Leroux
J’ai ouvert hier, 26 décembre, le Courrier des lecteurs relatif à Décharge 184, notre livraison de décembre. A côté des avis, courriels, note de lecture signés de Jacques François Piquet, Mireille Fargier-Caruso, Patrice Maltaverne et précédemment mis en ligne, une chronique de Marilyse Leroux, qui nous fait aujourd’hui partager ses premiers bonheurs de lecture.
Grappillage
par Marilyse Leroux
Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais il est rare que je lise une revue de A à Z et, qui plus est, dans l’ordre. Je grappille, en arrière, en avant, je lis, je relis... au gré de mon œil et de mon humeur.
Ce qui est sûr, c’est que pour la revue Décharge (dont j’apprécie la richesse, l’éclectisme, la non-prétention doublée d’un solide travail − et qui dure, du genre « oeuvre œuvrée » comme disait le poète, admiration-respect) je commence toujours par le même article : Il y a poésie de Mathias Lair, qui me régale à tous les coups, et spécialement dans le dernier numéro, le 184, que je viens de recevoir hier. Serait-ce flagornerie de dire que j’ai encore bu du petit lait ? (Le chroniqueur ne sera pas surpris, j’ai déjà eu l’occasion de le lui dire.) Ici, son sujet, c’est la danse avant tout, ce moment d’apesanteur où il se passe réellement quelque chose quand on lit de la poésie (ou qu’on en écrit). Quoi ? Ce qui nous échappe pardi, le « réel énigmatique » après lequel on gesticule, on court, on danse : une évanescence dans l’air. Je souris au dernier paragraphe que j’aurais envie de recopier tout entier pour ce moment de suspens que contient le poème. (Je vous laisse le découvrir, page 121.)
Que lis-je en deuxième ? Les notes de lecture d’Alain Kewes dont j’aime la finesse d’esprit, et, dans ce numéro 184, mazette, lui, le modeste, le discret, le voici en première de couverture avec un long poème de 7 pages ! Pour un papoète (sic), bel exploit. Un poème sur la poésie en plus ! La vraie, la fausse, celle qui n’en a pas l’air mais qui quand même ou l’inverse... Vis, étagères, notices et modes d’emploi, pieds qui boitent, le tout qui s’écroule sur vos pieds (à vous), on reconnaît là le bricoleur né, facétieux et pirouetteur. Alors alors ? Eh bien, lisez son papoème en 7 strophes, il vous faudra bien ça pour refaire le monde, de la poésie... Mais sachez d’ores et déjà que le poème, c’est du réel décortiqué, en kit . Vous regarderez vos étagères suédoises d’une autre façon. Et lesdits poèmes aussi.
Il est beaucoup question de poésie et de prose sur la poésie dans ce numéro de Décharge. Dans mon grappillage anarchique (mais l’est-il vraiment, les aimants s’aimantant, n’est-il pas ?) je dévore la contribution de Patrick Argenté dans les fameuses Ruminations de Claude Vercey L’émotion la poésie 2 . (Déjà j’aime l’absence de virgule dans ce titre.) Je dévore, ou plutôt j’avale, l’article car ma bouteille de lait UHT Mathias-Lair-Alain-Kewes a fait des petits en quelques pages. J’ai toujours apprécié dans la revue les articles ruminatoires de Patrick Argenté et là, que lis-je ? Exactement ce que je pense, mot pour mot de la création poétique : la sensation, à l’instant où s’écrit le poème, d’une cascade ! Il y a une sorte d’enchaînement de l’écriture qui crée le poème. C’est une écriture en cascades successives, son et image assurant la continuité du film… J’ai toujours vu ça comme ça, le blanc du poème restant du mouvement : celui de l’eau entre deux rochers, deux pierres. Une suspension, oui (un autre « suspens » comme dirait Mathias Lair) aussi pleine de réel que les mots qui le créent. Et pour « l’enchaînement » dont parle le poète, mon mari, plus atomiste dans l’âme que moi, parle d’une réaction en chaînes entre les neurones. Où la science rejoint la poésie. (Un sujet pour de prochaines Ruminations ?)
Pour le reste de la revue, je vous l’ai dit, je grappille « à sauts et gambades », et donc je n’ai pas encore tout lu, cette petite note impromptue se voulant aussi cascade, ricochet dans l’eau vive de la lecture.
Repères : Décharge 184. 8€, au siège de la revue : chez Jacques Morin, 11 rue Général Sarrail – 89000 Auxerre ou par paypal : ici. . Tout renseignement pour s’abonner à la revue pour 4 numéros / l’année (et à son complément Polder) : voir S’abonner, sur le site.
On peut d’ailleurs se réabonner dès maintenant pour les quatre numéros de 2010.
On lire en introduction à cette chronique le Repérage du 26 décembre 2019 : ici.
Poésie à la carte
Ouvrons en cette fin décembre le Courrier des lecteurs concernant la parution récente, du début du mois, de Décharge 184. Il est éminemment plaisant de recevoir ainsi, dans les plus brefs délais, un retour appréciatif de la part de nos abonnés et correspondants, un avis même rapide – un premier grappillage pour reprendre l’ expression de Marilyse Leroux, qui nous a adressé une longue chronique, que je mettrai en ligne dès demain.
Ce qui retient mon attention, confirmation plus que découverte à dire vrai, c’est comment un lecteur se saisit de la revue, en fait sa chose, s’invente un parcours à travers les diverses propositions offertes, bouscule l’ordonnancement du sommaire proposé, pourtant longuement réfléchi par le rédac-en-chef. Menu à la carte, en quelque sorte. Marilyse Leroux, on le verra, s’arrête principalement (et provisoirement, jure-t-elle) sur trois noms qui lui sont familiers, dont Alain Kewes, auquel Jacques François Piquet dans son courriel du 10 décembre fait aussi la part belle :
Quand on lit du Kewes, d’abord on sourit car c’est drôle, les associations de mots, les comparaisons, l’angle d’approche du sujet, puis au fur et à mesure que l’on avance dans sa lecture on se dit qu’en plus d’être drôle c’est loin d’être creux, qu’au contraire il y a un sens profond, une vraie réflexion, et là en plus de sourire on a tout simplement envie d’applaudir : bravo l’artiste et merci pour ces quelques pages !
C’est la participation de Gabriel Zimmermann sur la question de l’émotion poétique que Mireille Fargier-Caruso juge vraiment très intéressante. Remarques intelligentes et approfondies, ajoute son courriel du 11 Décembre. Tandis que Patrice Maltaverne, sur le site C’est vous parce que c’est bien, s’il reproduit comme à son habitude le sommaire de manière exhaustive, accorde son suffrage à Fabrice Marzuolo et son poème : Une dose de vent.
Et vous, lectrices et lecteurs, qui êtes restés muets jusqu’alors ?
Et dès demain : Les grappillages de Marilyse Leroux.
Repères : Décharge 184. 8€, au siège de la revue : chez Jacques Morin, 11 rue Général Sarrail – 89000 Auxerre ou par paypal : ici. . Tout renseignement pour s’abonner à la revue pour 4 numéros / l’année (et à son complément Polder) : voir S’abonner, sur le site.
On peut d’ailleurs se réabonner dès maintenant pour les quatre numéros de 2020.
Vu par Marie-Josée Christien
Rendant compte de Spered Gouez n° 25, qu’il a désignée comme Revue du mois (de décembre), Jacques Morin note que Marie-José Christien y recense une douzaine de revues d’ici et d’ailleurs. Parmi celles-ci, Décharge 182 :
Marie-Josée Christien :
Un dossier rend hommage à Antoine Emaz, grand nom de la poésie
actuelle et chroniqueur de Décharge, décédé en mars 2019.
Georges Cathalo présente « Jacques André Editeur » et ses 12
collections complémentaires dont 3 de poésie. Claude Vercey
partage sa lecture de Ma Patagonie de Guénane. Jacques Fournier
évoque l’année 1918 et les poètes et revues contre la guerre. Jean-
François Dubois offre de courts textes inspirés par des photos de
famille et des créations artistiques. Jacques-Yves Bouin s’entretient
avec le poète croate Miroslav Krin. Emmanuelle Le Cam livre une
incisive Tête noire, que je ne peux m’empêcher de recevoir comme
un écho secret de Tête cruelle d’Elléouet. Parmi le choix de
Décharge, Morgan Riet, Silvaine Arabo, Pierre Rosin et Paul Mathieu retiennent l’attention. Décharge ne serait pas Décharge sans la copieuse et indispensable chronique critique de Jacmo.