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Coup de force :
l'Armée noire
prend position : tome 1. Putain, gros comme ça, tout les combien ils vont nous faire le coup (je les paie, moi, les livres) ? Mais tome 1, c'est peut-être pour rire ou simplement faire peur. C'est chez Al Dante, et le commandant de l'opération semble bien en être Charles Pennequin. Ne m'en demandez tout de même pas trop, je débarque. Mais ce qui apparaît, c'est que cette armée n'est pas née de la dernière pluie, que depuis un moment sous une forme ou sous une autre elle manœuvre.
Fort volume donc (ça, c'est objectif), - de 430 pages (environ, ne soyez pas chien), à la fois funèbre, grouillant, accablant, grotesque. Du lourd, à deux doigts d'inspirer le respect (exprès j'écris ce mot-là, ça risque un peu de les énerver les petites mains de l'armée noire, elles ne vont pas tant aimer que ça, d'inspirer le respect – ah, non !), s'il ne conservait une esthétique de fanzine, plein d'un tas de dessins plus ou moins cons, graffitis, poèmes et poilades, de ces textes haletants, époumonés, qui sont aujourd'hui comme la marque d'une espèce d'avant-garde.
D'une post-avant-garde plutôt. Comme un parfum, une nostalgie, une colère, de cette avant-garde désormais disparue, dont on dit qu'elle l'est. Mais pourquoi toujours une métaphore militaire alors que les premières personnes sur lesquelles on crache, tradition, tradition !, sont les généraux, - devant les politiques, les journalistes, les pédagogues, les éducateurs, les critiques installés et les artistes en place, qui sont les ennemis de cette armée noire là ? (sympa, non ?) : bref, « Tout ce qui est au-dessus du type de base est mon ennemi. »
Il s'agit donc de rentrer dans l'lard, et dans l'art subséquemment, action subreptice et subversive. Pour déconner et sans trop qu'on croie qu'on déconne. Cela me renvoie au livre de Marc Partouche : La Lignée oubliée, publié lui aussi par Al Dante, qui avait fait l'objet d'une Rumination intitulée « Nos ancêtres les fumistes » dans Décharge 142 (Juin 2009), et aux divers livres que je référençais alors, dont L’Idiotie de Jean-Yves Jouannais (Beaux-Arts Magazine éd.) dont semble relever cette armée aussi noire que le Chat plus que de l'enfer.
Et ce constat : « Aujourd'hui la poésie tout le monde s'en tape », ce qui est vrai et un cliché à la fois. Mais le fait est que les gars de l'armée noire, les drilles et même joyeux drilles de cette armée-là, continuent envers et contre tout d'écrire de la poésie, mais qui ne ressemble pas bien sûr à la poésie, de la sous-poésie on dirait, de la poésie simplifiée, bêta, bêtifiante, débile et débilitante, exacerbante, comme tout un chacun peut en écrire croit tout un chacun qui cependant en est bien incapable. Poésie à jeter aussitôt consommée, poésie pour les nuls comme il y est quelque part écrit.
Elle voulait pas dire oui
je lui ai dit c'est pas grave
si tu dis pas oui l'important
c'est que t'as pas dit non et si
t'avait dit non c'est pas grave
non plus elle a dit oui j'ai pas dit
non mais je ne peux pas dire oui
non plus peut-être je dirai oui ou
peut-être pas peut-être je dirai rien
je lui ai dit non si tu dis rien
c'est pas trop bien non plus
tu peux dire oui et même dire non
mais rien ça tu peux pas
(extrait de petit poème d'amour de Marie-Eve Stadelman )
Référence : “L'Armée noire” - tome 1 – Le prix n'est pas rappelé, ni l'adresse d'Al Dante. On se documente sur internet.